Résumé :
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Cet article propose d’analyser la fabrication et la politisation de l’homosexualité féminine sous l’angle de la socialisation. À partir d’une enquête ethnographique menée auprès d’un groupe militant transpédégouine (TPG), il s’intéresse à la socialisation sexuelle secondaire de « gouines » engagées dans ce groupe. Pour comprendre comment s’apprend une sexualité gouine spécifique (contestataire, féministe, subversive et distinctive), il étudie les modalités et les effets de cette socialisation militante à la sexualité. Il révèle la façon dont le squat, en tant qu’espace socialisateur et lieu de sociabilité TPG, modifie les perceptions de l’homosexualité, les attirances sexuelles et les pratiques de séduction. Il montre également les processus par lesquels le groupe militant agit sur les représentations de ce qui est, ou non, désirable sexuellement et transforme ainsi l’objet des désirs, les pratiques érotiques, les conduites sexuelles et les relations amoureuses. Si la socialisation militante tend à forger des dispositions spécifiques, agissant sur les (dé)goûts sexuels des gouines, elle n’incline pas pour autant à l’identique leurs désirs et leurs pratiques sexuels. L’article vise aussi à réinscrire la diversité des rapports à la sexualité des gouines dans leurs trajectoires sexo-biographiques en regardant leurs socialisations sexuelles antérieures, faites d’expériences amoureuses et sexuelles différenciées, et leurs modes d’engagement dans le groupe.
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