Résumé :
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L’objet de cette communication est de bien mettre en lumière la nécessaire intervention du facteur temps dans l’établissement puis la survenue de l’orgasme féminin. La physiologie de cet orgasme a longtemps été un sujet de débat. En raison de la tardive puberté humaine, le vagin n’est pas fonctionnel pour l’accouplement jusqu’au milieu de la deuxième décennie de l’existence, bien qu’on puisse repérer des signes de recherche de plaisir orgasmique qui se manifestent dès la première enfance. Première constatation de l’intervention de la temporalité dans la physiologie féminine. Pendant la phase pré-pubertaire l’appétit orgasmique trouve un assouvissement par la stimulation clitoridienne. Activé par les sollicitations, le clitoris permet la maturation du réseau anatomo-physiologique qui assurera la survenue du réflexe orgasmique pendant ce qu’il faut considérer comme une période de sensibilité de six-sept ans. Deuxième manifestation de la temporalité, au-delà de cette période, le réflexe devient difficile à établir, ou ne s’établira jamais. Une fois établie, il se déroule, comme chez l’homme, à la troisième phase temporelle de la réaction sexuelle décrite par Masters et Johnson, après la phase d’excitation puis la phase en plateau. L’orgasme d’origine coïtale émane du vagin, parfois pressenti par les manœuvres solitaires de sciage périnéal. Il ne peut apparaître et s’installer qu’après un indubitable quantum temporel suivant la défloration quelle qu’en soit l’origine (auto ou hétéro stimulation). La durée de ce quantum dépend des circonstances de la vie sexuelle personnelle, mais on peut émettre l’hypothèse d’une période de sensibilité suivant la défloration au-delà de laquelle le déclenchement du réflexe orgasmique à point de départ vaginal sera difficile sinon impossible. Cette période de sensibilité s’affine par la pratique coïtale régulière avec un partenaire attentif ou par manœuvres personnelles. Il s’agit d’un apprentissage progressif de la maîtrise des sensations érogènes pour faire éclore le réflexe, lequel est plus long au départ à déclencher que chez l’homme. Discussion : obtenu par les stimulations personnelles de l’enfance, l’orgasme d’origine clitoridienne est nécessaire à la maturation anatomo-physiologique du substratum corporel déclenchant le réflexe. La répression morale – voire médicale – de l’autoérotisme infantile, sous prétexte qu’il n’est pas nécessaire à l’engendrement, a été une grave erreur, une fois reconnus l’influence des croyances éducatives et la place de l’appétit orgasmique humain propre à l’espèce; ainsi l’excision clitoridienne est un crime le plus souvent irrémédiable. Impossible à déclencher par le coït ou d’autres stimulations pendant la longue période pré-pubertaire humaine, l’orgasme d’origine vaginale pourrait apparaître comme la récompense du bon comportement reproducteur dans une optique éthologique, ou comme obligatoire à la procréation selon les vieilles thèses y compris chrétiennes issues de la pensée hippocratique. Il n’en est rien. La femme n’a pas besoin de l’orgasme pour entreprendre une grossesse, affirma à juste titre Aristote. Elle en a cependant l’appétit dès l’enfance et installe personnellement le substratum du réflexe – sinon il n’apparaîtra jamais. Que l’orgasme puisse être ressenti au cours du coït est à l’origine du puissant lien fondant le couple. Cette entité biparentale dans un couple monogame fut nécessaire à la protection des jeunes humains, nés en grande immaturité dans un environnement dangereux. Installée depuis au moins le Paléolithique, accaparant motivations et organes à la fonction reproductrice, la fonction érotique humaine, unissant le couple sur l’échange orgasmique mutuel, serait donc évolutivement apparue pour favoriser la survie de l’espèce. Elle comporte cependant certains aléas temporels – apparition secondaire de l’orgasme coïtal féminin, nécessité de la retenue masculine – auxquels hommes et femmes doivent désormais s’adapter.
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