Résumé :
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Il existe actuellement plusieurs centaines de théories expliquant le fonctionnement psychique, normal ou pathologique. Quels sont leurs fondements, leur validité et leur efficacité? Des exemples historiques montrent l'importance d'élaborer des théories scientifiques, qui sont transdisciplinaires et transculturelles, pour éviter des pratiques tant sociales que médicales dysfonctionnelles ou ethnocentrées. Par exemple, au XIXe siècle, la théorie de l'instinct sexuel humain a induit la croyance que toute activité sexuelle qui ne permettait pas la reproduction était une pathologie, entraînant entre autres la répression de l'homosexualité et de la masturbation. L'objectif de cet article est de décrire les grandes lignes d'un modèle de référence global, fondé sur les neurosciences et la psychologie biologique (psychobiologie). L'objectif est de décrire les causes et les dynamiques des troubles de la sexualité à partir des interactions entre les facteurs biologiques et culturels. Ce modèle est élaboré à partir des connaissances structurelles et fonctionnelles des circuits neurobiologiques et des facteurs physiologiques de la reproduction, ainsi que des différents circuits et facteurs qui agissent sur ces circuits sexuels. L'influence des événements internes, externes ou des facteurs culturels est analysée en fonction de leurs effets, tant normaux que pathologiques, sur ces différents circuits et facteurs de la reproduction. La modélisation proposée permettrait de préciser des grands types de causes aux troubles de la sexualité, en fonction de facteurs clés : les structures biologiques de la reproduction, le développement de ces structures, les activités sexuelles, l'activité des structures cérébrales non sexuelles et l'influence socioculturelle. Ce modèle, encore au stade expérimental, peut être utilisé pour évaluer les situations cliniques et concevoir des actions thérapeutiques ou ré-éducatives. Cette méthode psychobiologique serait particulièrement heuristique pour comprendre la dynamique des troubles complexes, dont l'origine provient d'interactions entre des facteurs individuels, sociaux et culturels. En conclusion, les connaissances neuroscientifiques permettraient actuellement de proposer un modèle psychobiologique de l'étiologie et de la dynamique des troubles de la sexualité. Ce modèle pourrait être développé pour être testé en situations cliniques, afin d'évaluer sa pertinence.
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