Résumé :
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Dans quelle mesure le genre est-il ignoré au sein de la production et de l’utilisation de savoirs scientifiques biomédicaux? Alors que l’étymologie grecque du terme «ignorance» – ἀγνῶσις/agnôsis – se traduit en français par l’expression «ne pas savoir», les nombreuses études rattachées au domaine scientifique qu’est l’agnotologie étendent le spectre de ses significations. Elles s’attellent, par exemple, à comprendre comment on peut «ignorer ce que l’on sait», soit «des situations dans lesquelles des savoirs potentiellement disponibles pour l’action ne sont pas utilisés» (Dedieu et Jouzel, 2015 : 106). De nombreuses taxonomies pointent la production concomitante du savoir et de l’ignorance (par exemple, Proctor, 1995 ; Tuana, 2006 ; Proctor et Schiebinger, 2008 ; Croissant, 2014). À cet égard, l’agnotologie relève combien, loin de n’être que l’absence d’un savoir, l’ignorance est le produit d’une construction sociale et de processus de sélection. Comment donc caractériser l'ignorance de genre en matière de santé.
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