Résumé :
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En passant d’un statut d’outil à celui d’un nouveau mode de travail, l’Evidence Based Medicine (EBM) et l’intelligence artificielle (IA) sont à l’origine de disruptions majeures dans le monde de la santé, y compris sexuelle. Plusieurs disruptions la concernent : (1) s’en préoccuper peut améliorer la qualité mais aussi la quantité de vie des malades chroniques, (2) le concept de santé sexuelle positive doit être développé et favorisé, (3) la santé sexuelle contribue à restaurer la clinique et l’humanisme inhérents à la culture soignante. Nouveau déterminant de santé, de bien-être et de qualité de vie, elle doit être désormais intégrée dans les parcours de soins et de vie des malades chroniques pour répondre à leurs besoins émotionnels et médicaux, et à deux priorités de santé publique : réduire les inégalités de soins et améliorer leur pertinence. Une majorité de malades souhaite préserver ou récupérer ce facilitateur de lien social et de résilience mais la réponse soignante est globalement insuffisante. Le manque de connaissances et les idées reçues expliquent le défaut d’appropriation de la santé sexuelle et de ses troubles par les professionnels de santé. Malgré l’apport indéniable de l’EBM et de l’IA, la clinique, meilleur moyen jusqu’à présent pour les évaluer, reste primordiale pour atteindre l’objectif majeur des soins « centrés sur la personne » : concilier le « cure » (capacité de guérir/relation technique) et le « care » (capacité de prendre soin d’autrui/relation humaine). Prendre en compte la santé sexuelle et ses disruptions, en cours ou à venir, dans les parcours de soins devient une obligation déontologique pour se recentrer sur les fondamentaux éthiques de la médecine soignant une personne, en respectant son autonomie et sa dignité. Dans ce but, la sexologie doit devenir une compétence transdisciplinaire médicale et paramédicale pour favoriser une réappropriation soignante de la clinique et de l’humanisme.
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