Résumé :
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On évite de parler de l’avortement provoqué au Burkina Faso, où cette pratique est illégale et fait l’objet d’une forte réprobation sociale. En nous appuyant sur les théories du secret, nous tenterons de comprendre pourquoi et comment les acteurs de l’avortement (clients et prestataires, femmes et hommes) finissent pourtant par en parler à un nombre important de personnes. À partir de données collectées en 2000 en milieu rural (n=13) et en 2001 en milieu urbain et péri-urbain (n=30), nous montrons que les femmes parlent de leur avortement à leur partenaire, leurs amies, et parfois à des parentes proches, au moment de la prise de décision et lorsqu’elles cherchent un avorteur. Les prestataires partagent le secret avec leurs clientes, parfois avec des collaborateurs : leur désir de publicité est toutefois limité par la peur de la loi. Tous les acteurs de l’avortement mettent en place des systèmes de sécurité pour éviter que leur secret ne s’évente : les relations d’intimité et les liens de transgression partagée fournissent des lieux protégés de confidence.
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